Pamela Witcher | English | Français





Click to return.
deafmute.jpg
Clique pour un retour.

(version français au-dessous)


I am screaming,
do not judge me a Deaf-Mute!



Jack R. Gannon, curator

"We have been called deaf-mutes, mutes, objects of charity, deaf and dumb, semi-mutes, dummy, and now, hearing impaired. We have been described as 'the most misunderstood among the sons of man.' Some of us are deaf and some of us are Deaf. Some of us use American Sign Language and some of us do not. This exhibition is our untold and largely unknown history. It is American history…Through Deaf Eyes."



http://depts.gallaudet.edu/deafeyes/





Jacobo Rodriguez Pereira ,1715-1780 - The greatest teacher of the deaf in France. Pereira never had more than twelve pupils at one time. He offered two courses. "For the poorer and more numerous clients, he gave a short course of fifteen months which covered the current necessities for living." The wealthy and more intelligent stayed four or five years. They were given a superior course. These pupils became successful and famous. He was very secret about his work that even his family did not know his methods. When he died, no one knew how to continue his work. His motto was "There will be no more deaf mutes. There will be deaf speaking ones."



http://members.aol.com/deafcultureinfo/deaf_history1700s.htm




Je crie,
ne me jugez pas une sourde-muette!


Michel Poizat

Silence is systematically associated with the situation of the deaf (those born deaf, the so-called deaf-mutes) for good and bad reasons. Bad, because the realty of the deaf is far from being "silent". Good, because the deaf make a certain kind of silence resonate in the ear of the non-deaf, especially the relationship between the body and the signifiant, exploiting silence as a pulsional presence of the body in the enunciation of language and thus a pulsional presentification of the voice. Paradoxically, it is the relationship between music and silence that is thereby clarified.

Le silence sourd - Résumé
Le silence est systématiquement associé à la situation du sourd (sourd de naissance, dit «muet») pour de bonnes et de mauvaises raisons. Pour de mauvaises raisons car la réalité de la situation du sourd est loin de pouvoir être qualifiée de «silencieuse». Mais aussi pour de bonnes raisons: le sourd fait en quelque sorte résonner chez l'entendant un certain silence suscitant particulièrement le rapport du corps au signifiant, faisant valoir le silence comme présence pulsionnelle du corps dans une énonciation langagière et donc comme présentification pulsionnelle de la voix. Paradoxalement, c'est aussi le rapport de la musique au silence qui s'en trouve éclairé.


http://www.puq.uquebec.ca/revue/P-280201.html



Il ne mord pas !

Par Michelle Jacques, parent du Centre-du-Québec

Vous allez accueillir, dans votre classe, dans votre école, un jeune vivant avec une surdité. Cela fait peur. La différence fait peur. On a souvent des idées préconçues, ce qui ne facilite pas vraiment l accueil enthousiaste d un enfant différent. Je vais essayer de désamorcer simplement, avec humour (je l espère), les préjugés les plus souvent véhiculés en ce qui a trait à la surdité. L humour (ou une bonne carapace) fait partie de l équipement de survie du parent d enfant vivant avec une surdité. Vous allez voir.

Évidemment, ça arrive toujours un soir où l épicerie est noire de monde, t es plantée à la caisse avec tes trois chérubins. L aînée qui rage pour avoir de la gomme, le benjamin qui décide de te démontrer qu il a envie de changer d air et ton petit monstre de cinq ans curieux, loin d être timide, qui a la parole facile mais peu compréhensible et qui aime (évidemment) faire la vedette et profiter du grand public pour assouvir sa soif du savoir. Il se soucie peu de sa voix différente de celle des autres enfants et des «machins trucs» qu il porte sur les oreilles. Il sourit à pleines dents et il pose des questions à des gens qu il trouve sympathiques. Bien sûr, il s attend à des réponses mais elles ne viennent pas nécessairement tout de suite parce qu on n a pas compris ou parce que lui n a pas entendu ou n a pas compris ce que l autre lui a répondu. Il y a des gens qui prennent plaisir à lui faire la conversation tandis que d autres sont mal à l aise et l ignorent. Pour attirer son attention, tu lui fais des gestes. Et, tout d un coup, quelqu un t aborde pour te poser la fameuse question:«Est-ce qu il est sourd et muet ?». Déjà que t en a assez d être dans cette «mauzuss» d épicerie. Et voilà qu on te demande: «Y é tu sourd et muet ?». La moutarde te monte au nez et t as juste le goût de dire:«Ben oui, muet bien sûr ! Ça paraît tant que ça ? Ça fait juste une quinzaine de minutes qu il vous casse les oreilles avec ses questions. Auriez-vous aussi un problème d audition ?»

Bien sûr, ce genre de réaction de ma part pourrait être associé à un moment de fatigue ou d impatience, étant une personne équilibrée... du moins la plupart du temps. Non, je dois vous avouer en toute franchise que je commence à me sentir déséquilibrée lorsque j entends d autres phrases comme les suivantes: «C est-tu donc de valeur, si jeune. Moé, mon grand-père ça fait longtemps qui est comme ça. Nous avons dû le placer». Là, tu prends une grande respiration pour ne pas dire: «Eh bien ! Nous autres, nous voudrions bien placer notre p tit monstre mais pour quelques heures seulement et pas pour les mêmes raisons». Et une autre: «Si je lui parle, est-ce qu il va me comprendre ?». Ça te trotte dans la tête. T aurais peut-être le goût de répondre: «Il ne donne pas encore la patte, mais il est propre et il ne mord pas». Une qui m a donné des crampes: «Ça n empêche pas qu ils peuvent être intelligents. J en connais qui se sont même mariés». Je respire, j expire...Bon, encore d autres crampes: «Sont pas mal agressifs les sourds.». On respire, on respire, et on pense: «Ben oui ! On classe le monde comme ça nous autres. D un côté, les personnes sourdes agressives, d un autre côté, les unijambistes jaloux, à droite, les personnes aveugles timides et ainsi de suite. Eh vous ! Oui, oui, le monsieur avec les petites lunettes (pis pas beau à part de ça), vous n êtes pas dans le bon groupe, vous êtes supposé faire partie des impolis et non des égocentriques». Et voilà qu à la suivante, tu t étouffes: «C est le fun, eux autres, ils n ont pas besoin d entendre, ils peuvent lire sur les lèvres». «Ben oui ! Ben le fun ! Vaut mieux être sourd et avoir du fun à lire sur les lèvres. Dieu créa Adam et Eve et se dit qu il serait bon de donner automatiquement le don (ou ce fun) de lire sur les lèvres à toutes les personnes sourdes ou malentendantes».

Non, non, non. C est pas fini. Une (presque) comique: « Entend-il avec ses appareils?». «Non, c est juste pour l apparence afin qu on sache qu il n entend pas». Une moins comique: «S il entend avec ses appareils, comment ça se fait qu il ne comprend pas quand je lui parle? » Bon là, ça commence à se compliquer. Comment ça se fait que parfois, même après maintes explications, une personne qui entend ne comprend pas ça? Pourtant, les personnes vivant avec une surdité ont compris ça tout de suite sans bien entendre.

T as pas fini de craindre d atteindre le stade de la névrose parce qu au fil des ans, tu en entendras de toutes les sortes souvent de la part de gens bien intentionnés, intelligents, instruits, distingués, polis et équilibrés. Il y en a que tu rencontres dans des épiceries, au travail, aux réunions de famille ou d amis, à l hôpital, à l école; en d autres mots, partout. À un moment donné, tu te demandes si ce n est pas une maladie que certains ont de percevoir les personnes vivant avec une surdité comme s il s agissait d un monde clos à toute communication. Entre autres, la fameuse expression «dialogue de sourds», (si souvent utilisée par des journalistes de la télévision et que j ai d ailleurs encore entendue aujourd hui) pour relater une négociation ou une rencontre qui ne rime à rien. Faut croire que j ai sûrement des problèmes au cerveau à force de respirer, expirer, inspirer. Mon fils, quand il dialogue, ça rime toujours à quelque chose et quand il négocie, c est pas pour des «peanuts». En tout cas, à voir les résultats qu il obtient, je crois que demain matin je rentre dans le bureau du patron et lui demande de négocier en dialogue de sourds.

Il ne reste pas moins que notre fils a souvent subi les conséquences de tels mythes ou préjugés. Des propos et des agissements qui l ont maintes fois blessé. À cause d une méconnaissance ou tout simplement de préjugés, il n a pas toujours bénéficié de services essentiels ou de certaines attentions. Il nous dit souvent ne pas comprendre pourquoi des gens ne font pas confiance en ses capacités ou le prennent pour un «niaiseux» parce qu il porte des appareils et s exprime parfois avec des mots différents. Ça l agace de voir les gens qui ne prennent pas le temps de parler simplement, clairement et calmement lorsqu ils s adressent à lui au lieu de lui signifier, presqu en criant, de laisser faire parce qu il n a pas compris tout de suite. Et il se demande pourquoi certains ont la manie de cataloguer les personnes vivant avec une surdité comme s il s agissait d individus pareils: qui ont le même développement, qui connaissent les mêmes performances académiques ou qui communiquent toutes de la même façon. Tantôt on le surestime parce qu on croit qu il entend et comprend tout automatiquement ce qu on lui dit. Plus tard, on le sous-estime et on croit qu il est sot parce qu il n a pas compris ou qu il a mal compris.

C est plus fort que moi, il faut que je vous parle un peu de notre petit monstre qui est devenu un beau grand gaillard de 17 ans. Il n a pas peur d affronter les obstacles et de collectionner des réussites. Très autonome, il sait ce qu il veut. Pas grand-chose ne lui résiste: examen de conduite automobile, informatique, ski, natation, soccer, basket-ball, balle molle, moto-cross (réparations incluses). Cet été, il s est trouvé non pas un, mais deux emplois d été. Il a des blondes, des amis, organise des partys. Il a réussi ses examens de maths, français, histoire. Il a été en nomination au gala Méritas de son école secondaire. Il se chicane avec sa grande soeur et son petit frère, il accapare le téléphone plus souvent qu à son tour. Il porte le fond de ses culottes disons un peu trop bas. Il utilise aussi la parole pour s exprimer quoique parfois avec des mots un peu déplacés. En fait, il est comme beaucoup d autres... Donc, où est le problème? Parce qu il vit avec une surdité?

Perdra-t-il peut-être l occasion un jour d obtenir un bon emploi parce qu une personne quelque part associera les mots «sourd» ou «malentendant» à des limitations qu il n a pas ou qui sont mal comprises? Lui suffira-t-il de répondre au téléphone et de ne pas bien entendre ou comprendre l employeur? Aura-t-il la malchance d être interviewé par quelqu un qui parle trop vite ou quelqu un qui réagit négativement à la vue de ses appareils ou au son de sa parole? Devrait-on obligatoirement ajouter au bas de son C.V.: «Quoique malentendant, intelligent, débrouillard, sait lire et écrire, capable d occuper un emploi et non agressif...» Ou peut-être: «Expérience pertinente en matière de préjugés envers la surdité dans divers milieux sociaux, sportifs et scolaires». Ou, pourquoi pas? «Plusieurs années de courage et de tenacité à défier de nombreux obstacles créés par les mythes reliés à la surdité».

Je sais. Pas facile d abattre des préjugés. Mais, qui sait si à force d en parler... ?

Source : Vivre le primaire vol. 13, n o2 - Février 2000
http://www.surdite.org/aqepa/doc_primaire_mordre.html
















Created by Pamela Witcher. All rights reserved.
Crée par Pamela Witcher. Tous droits réservés.